L’alimentation des herbivores : place de l’herbe et lien au sol
L’élevage herbivore est intimement lié à son territoire. C’est effectivement le sol qui produit une grande partie de l’alimentation des animaux, et en contrepartie les animaux permettent d’entretenir et de valoriser ce sol. Il s’agit donc de cultiver cette interdépendance essentielle pour l’éleveur et l’environnement, qui varie d’une région à l’autre.
Les avantages d’une alimentation produite à 90% sur l’exploitation
En France, les ruminants sont majoritairement élevés dans des systèmes soit mixtes (cultures et prairies) soit herbagers (prairies). Ces systèmes permettent de nourrir les animaux quasiment entièrement avec les fourrages et céréales de l’exploitation. En moyenne, on considère que pour chaque vache, il y a un hectare de terre à proximité qui fournit l’alimentation de l’animal tout en recyclant ses déjections. L’épandage des déjections des animaux sur les surfaces de l’exploitation offre un double avantage : il enrichit les sols en matière organique et remplace les engrais chimiques. De plus, ces systèmes quasi-autonomes évitent l’importation ou le transport de fourrages ou céréales et permettent d’entretenir localement une biodiversité agricole et une rotation culturale variée.
La place de l’herbe
L’élevage d’herbivores (bovins, ovins, caprins, équins) se pratique sur l’ensemble du territoire français. Il est principalement localisé dans les « zones défavorisées » dont le pâturage reste le mode de valorisation dominant. En effet, les herbivores, et notamment les ruminants dotés de quatre estomacs, sont par nature capables de digérer l’herbe qui pousse sur des espaces non cultivables, qu’ils transforment en lait et en viande.
L’herbe constitue en France en moyenne 60 % de la ration des bovins, cette part variant selon les saisons et les régions en fonction des conditions de sol et de climat. Dans les régions herbagères où l’herbe pousse bien toute l’année, cette part monte à 80 – 90%.
Dans d’autres régions aux étés plus secs ou aux surfaces d’exploitations petites, l’herbe peut être complétée voire partiellement remplacée par d’autres fourrages plus adaptés comme le maïs récolté en plante entière.
Les systèmes d’élevage d’herbivore en France
En France, en excluant les zones de grandes cultures où l’élevage a disparu, on peut distinguer de façon schématique quatre grandes zones d’élevage des herbivores en fonction des caractéristiques de sol et de climat (1):
Régions de polyculture-élevage : dans ces zones à rendements plus faibles et incertains que dans les régions de grandes cultures des bassins sédimentaires, il existe une interpénétration des cultures et de l’élevage des ruminants. L’élevage s’est maintenu, souvent pour valoriser une partie de la surface non labourable, restée en herbe mais également pour valoriser en alimentation animale les coproduits agricoles issus de la transformation des betteraves (pulpe), du blé (drêches et sons) ou encore du tournesol ou du colza (tourteaux)
Régions de culture fourragères dominantes : sur ces sols assez légers, pauvres à l’origine et facilement labourables, se sont développés des systèmes d’élevage efficaces donnant une large place au maïs fourrage et aux prairies temporaires cultivées, bénéficiant pour le Nord-Ouest des pluies régulières du climat océanique.
Régions herbagères : la prairie permanente y prédomine. Dans les régions herbagères du nord et du nord-ouest, les sols sont argileux et lourds, difficile à travailler, L’élevage est souvent de type mixte (type Normande) assurant une bonne valorisation des prairies naturelles avec une production de viande et une tradition beurrière et fromagère. Dans les zones de montagne humide, le pâturage est également le seul mode de valorisation de ces larges surfaces en herbe, non mécanisables ou difficilement cultivables du fait de l’altitude. Dans ces régions, l’abandon des surfaces agricoles entraîne un risque d’envahissement de la forêt et de fermeture des paysages.
Régions de piémonts secs : dans ces zones sèches au climat méditerranéen, c’est principalement l’élevage de petits ruminants (ovins, caprins) qui valorise d’importantes surfaces de parcours plus ou moins boisées, à faible productivité, mais dont l’intérêt écologique est de plus en plus reconnu. L’élevage joue alors un rôle essentiel dans la prévention des incendies en laissant des zones dégagées qui peuvent servir de « pare-feu ».
Source : la-Viande.fr, L’alimentation des herbivores : place de l’herbe et lien au sol